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Un coup d’Etat déjoué aux Etats-Unis

{mosimage}Un ancien général de l'armée royale laotienne a été arrêté en
Californie au terme d'une enquête de six mois. Selon les autorités
américaines, Vang Pao, de l'ethnie Hmong, fomentait un coup d'Etat dans
son pays natal et aurait même bénéficié du soutien d'un ex-sénateur
américain.
Les enquêteurs américains considèrent désormais qu'un ancien sénateur
de l'Etat du Wisconsin et un membre du Congrès auraient été impliqués
dans un complot visant à renverser par les armes le gouvernement
laotien. Pourtant, le général Vang Pao, figure de proue de l'ethnie
Hmong [et instigateur présumé du complot], continue de nier qu'un tel
projet ait jamais existé.

"Le général Vang Pao a consacré toute son énergie au développement
de solutions pacifiques afin de résoudre les problèmes du Laos et
rejette le recours à la violence", a expliqué son avocat John Balazs
aux journalistes à la sortie du tribunal.

Dans le Laos moderne, les Hmongs font encore l'objet d'arrestations
et de violations des droits de l'homme. Nombre de nouveaux immigrants
aux Etats-Unis portent encore les stigmates de la guerre et de
décennies de persécutions. Or, à leur arrivée, ils découvrent qu'ils ne
peuvent espérer ni le droit d'asile, ni une carte de séjour,
conformément aux clauses du Patriot Act, précise Sharon Stanley,
directrice de l'association œcuménique d'aide aux réfugiés de Fresno
(Californie).

D'après l'Associated Press, le membre du Congrès dont l'identité
est restée secrète ainsi que la police autoroutière de Californie se
sont retrouvés impliqués malgré eux par les conspirateurs hmongs, qui
espéraient se servir d'eux pour mettre en œuvre leur projet. C'est ce
qui ressort des minutes du tribunal et d'entretiens avec les enquêteurs
chargés du dossier.

Un agent sous couverture a certifié sous serment que, selon "des
indices probants", l'ancien sénateur du Wisconsin Gary George était
impliqué dans le complot. George n'a été ni arrêté ni inculpé. Agé de
53 ans, il vient de purger une peine de quatre ans de prison pour avoir
touché des pots-de-vin de la part d'une agence de services sociaux de
Milwaukee.

Selon les enquêteurs, la liste des inculpés pourrait bien
s'allonger au fil de leurs investigations. Pour l'heure, ils épluchent
des documents saisis dans toute la Californie. Parmi les personnes
interpellées se trouve donc Vang Pao, 77 ans, ancien général de l'armée
royale laotienne qui a pris la tête de la contre-insurrection hmong
avant de fuir aux Etats-Unis avec des milliers d'autres réfugiés hmongs
à l'issue de la guerre du Vietnam. Huit autres membres de la communauté
hmong de Californie et un ancien officier de la Garde nationale
californienne, Harrison Jack, ont également été inculpés.

Les dix hommes sont accusés d'avoir violé la loi fédérale sur la
neutralité en prévoyant de renverser par les armes le gouvernement
communiste du Laos. Ils sont soupçonnés d'avoir collecté des fonds pour
recruter des mercenaires et acheter des armes automatiques, des
grenades, des roquettes et des missiles portables pour un montant de
9,8 millions de dollars. Le complot aurait été éventé parce que le
trafiquant d'armes censé fournir les équipements et les mercenaires
était en réalité un agent fédéral agissant sous couverture. Les
conspirateurs sont par ailleurs accusés d'avoir tenté d'obtenir le
soutien d'un membre du Congrès.

Après avoir mené une guerre de guérilla au Laos avec l'appui de
Washington, la minorité ethnique des Hmongs a été pratiquement
abandonnée quand le pays est tombé aux mains des forces communistes en
1975. Plus de 300 000 réfugiés laotiens, hmongs pour la plupart, ont
fui en Thaïlande. Environ 145 000 membres de diverses ethnies
laotiennes se sont ensuite installés aux Etats-Unis, où elles ont
constitué d'importantes communautés à Minneapolis, Fresno et dans des
villes du Wisconsin.

Editorial
Bangkok Post
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