Sithandone Samphanh

Au Laos, on célèbre un nombre important de fêtes traditionnelles. Ces célébrations se déroulent toutes les années de la même façon.
Le vendredi 11 juillet, le quinzième jour à la pleine lune du huitième mois du calendrier lao de cette année, les bouddhistes lao vont entrer dans une période d’abstinence annuelle de trois mois, appelle-t-on Boun Khao Vatsâ ou Khao Phansa, entrée en carême bouddhique et qui se termine à la pleine lune du 11ème mois (8 octobre).

Alors le huitième mois se trouve en pleine saison des pluies. Les paysans sont en cours dans les travaux champêtres. C’est la période de la reproduction des animaux. Le Bouddha, avait inscrit dans les règles disciplinaires défendant à tous les bonzes de circuler librement. Ils doivent rester dans la même pagode pendant tout le long des trois mois pluvieux successifs de peur que les bonzes abîment les diguettes, les cultures ou tuer par inadvertance les petits animaux sur leur passage.

A la veille de la journée d’entrée du carême, on remarque que les bonzes de toutes les pagodes font la propreté et entreprennent des rénovations de leur logis ou des lieux monastiques. Pendant cette période, les laïcs s’abstiennent de ne célébrer aucun mariage. On arrête de boire de l’alcool, de consommer de stupéfiants ou de tuer d’animaux.

Avant l’entrée du Carême, les fidèles se réunissent par quartier pour préparer les cierges (Thien Khao Phansa). Alors un concours est organisé dans un lieu déterminé, où l’on tire au sort le nom de la pagode à laquelle seront offerts les plus beaux. Puis une procession se déroule dans les rues de la ville pour se rendre dans les temples. Mais en province, dans les villages, les fidèles offrent des cierges aux bonzes sans avoir, auparavant, procédé à aucune cérémonie spéciale.

Durant ce carême, les moines ou qu’ils soient, retournent à leur pagode,
observant strictement les règles prescrites par la religion qui,
notamment, leur interdit de passer la nuit hors des pagodes. Les bonzes
se sont engagés à observer à la triple obligation appelée ‘‘
Traisikkha’’ c’est à dire : Sin (morale), Samathi (méditation) et
Phangna (connaissance).

Le matin du premier jour du carême,
toutes les pagodes de l’ensemble du pays organisent la cérémonie de
Takbat (offrandes matinales aux bonzes).

Dès que le son du
tambour du temple résonne, les villageois apportant des offrandes se
dirigent vers la pagode, dans le sanctuaire de pagode où se rassemblent
uniquement les bonzes pour accomplir le rite de khao Vatsâ ou PhanSa.

Commençant
la traditionnelle cérémonie du TakBat, les fidèles se mettent en rang
pour offrir leurs offrandes aux moines déposant les offrandes dans les
bols placés sur plateau en fibres végétales tressées qu’ils apporteront
ensuite aux bonzes et aux novices, cette cérémonie s’appelle aussi le
Chang Hanh… Puis le chef religieux du village récite les cinq préceptes
aux bonzes vénérables et écoute leurs sermons, enfin les fidèles
adressent des prières à leurs ancêtres,et font le YatNam qui consiste à
faire bénir de l’eau par un bonze avant de la verser, goûte à goûte, sur
la terre. L’eau et la terre sont témoins de la bonne action des
pratiquants. Elles accordent une longue vie à toute personne qui offre
ou qui donne avec le coeur serein. Chaque fois, celui qui fait don
demandera au génie de la terre, ‘‘ Nang Thôlany’’, d’être témoin de son
action. Il lui demande d’emporter son offrande ou ses bienfaits à des
personnes décédées. Et le chef religieux du village demande au supérieur
des bonzes de leur réciter les cinq commandements du Bouddha.

Le
soir, les moines et fidèles participent à la procession aux chandelles,
faisant en hommage au Bouddha, trois tours autour du temple.

Restant
à la même pagode pendant toute la durée du carême, les bonzes se
consacrent à l’étude des enseignements bouddhiques et observant les
règles canoniques et monastiques. La vie religieuse devient intense pour
les moines et les fidèles. Tous les quinze jours, les moines sont tenus
d’assister à la cérémonie de Patimokha.

La cérémonie consiste à proclamer les 277règles monastiques et
chaque moine fait l’aveu des manquements qu’il a pu commettre à
l’encontre de chacune de ces règles. Les bonzes s’engagent également à
trois règles : Sin (morale), Samathi (concentration) et Pangna
(connaissance). Les laïcs s’engagent à pratiquer également trois
obligations: Thane (charité), Sin (morale) et Phavana (méditation). Les
Van Sin (huitième et quinzième jours), les fidèles se rendent à la
pagode pour écouter des textes sacrés et accepter les Sin ha (cinq
préceptes du Bouddha): S’abstenir de tuer ou de maltraiter les êtres
vivants, de voler, s’abstenir de relations sexuelles illicites, de
mentir et de boire de l’alcool ou autres produits enivrants. Quant aux
jeunes hommes profitent- ils pour se faire ordonner moines ou novices.
Aussi de nombreux jeunes rentrent dans les ordres monastiques
bouddhiques (car ces trois mois ci se sont des vacances scolaires)
qu’ils quitteront s’ils le désirent à la fin de celui-ci.

Nul ne permet aux bonzes ni aux novices de quitter les ordres ( La Sikkha) durant cette période.

Dans
les régions rurales, pendant la nuit, les jeunes du village viennent
nettoyer les pagodes et ses environs afin de préparer les fêtes
organisées à l’occasion du carême. Des compétitions amicales de tambours
avec les jeunes des villages voisins sont parfois organisées. Les
tambours qui résonnent le plus intensément et le plus longtemps possible
sont déclarés vainqueurs. En outre, quelques bonzes choisissent cette
occasion pour commencer un j eûne de sept jours, ou moins, selon leur
capacité de résistance. Les moines ou novices les soutiennent en leur
apportant de l’eau ou du café.

Dans certaines pagodes, à
Vientiane, et d ‘autre province une certaine de femmes, quittent leur
famille pour la méditation et sont intronisées nonnes, toutes vêtues de
blancs. Elles habitent en face du sanctuaire de la pagode et la
construction de leurs logements est financée par leurs familles. Les
nonnes intronisées durant le carême gardent leurs cheveux alors que les
plus anciennes ont le crâne ras.

Pour rendre hommage aux moines qui vont débuter le carême, de nombreux Baci sont organisés par les fidèles.

Chaque année, nous faisons cette cérémonie pour souhaiter aux bonzes une bonne santé lors du carême .

Le
carême se terminera officiellement le 8 octobre et après ces trois mois
d’abstinence, de méditation et de purification, les bouddhistes
sortiront du carême plus forts pour reprendre cycle des célébrations du
Hid sipsong Khong sip si , les douze fêtes et quatorze traditions de
l’année bouddhique.