sept

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Nithane Nok Cachor
Nithane Nok Cachor,

 Bin Ork Char Hang 
Histoire du moineau s’envolant hors de son nid 

Le feu brûlait, Nok Cachor s'envola du nid
En laissant sa famille mourir dans les flammes,
En dépit du serment conjoint avec sa femme
De périr uni pour toujours à ses petits.  

L’histoire aurait vécu sans la roue de la vie,
Sa femme renaquit la plus belle des princesses,
Mais elle avait gardé en mémoire sa promesse   
D'honnir les mâles de peur d'être encore trahie,

Le vieux roi voulant marier sa fille unique,
Promettait à tout homme une union mirifique,
A condition qu’elle ait daigné parler à l’élu,

Chose ardue, jusqu’au jour où un bel ingénu 
Arriva et raconta l’histoire du Moineau 
Brûlé au feu, seul, avec ses petits Marmots … 

Et la Princesse cria :
-” Mais non! C’est le moineau qui s’est envolé,
Il nous a trahis et il nous a laissés mourir dans le feu! . . . “
La belle Princesse ayant parlé, son père la maria,
Et depuis ce temps ils vécurent heureux 
Et ils eurent beaucoup d’enfants bien nés . 

Koupranom Abhay 

Nota Bene :
1) – Je trouve l’histoire du Nok Cachor si belle
qu’elle aurait pu être aussi connue et célèbre que l’histoire
de Cendrillon perdant sa petite pantoufle de verre,
alors que notre héroïne, la plus belle des princesses,
sans carrosse et sans fée, avait perdu volontairement sa voix
 en face de ses nombreux prétendants.
- En fait, à l'exception de son père, la Princesse Lao refusait
de parler à tous ces hommes pour se venger d’un moineau,
le Nok Cachor, son conjoint, qui l’avait abandonnée,
avec ses petits moineaux dans un nid ravagé par un feu de brousse,
dans une de ses vies antérieures.

2) – L’histoire du Nok Cachor se doublait en effet de la croyance
en la réincarnation, une des croyances essentielles du Bouddhisme,
inscrite dans la roue de la vie, le Samsara ou le SamsaraVatta en Sanskrit.
C’était le cycle des renaissances, des maladies et des morts.
Tous les êtres vivants sur terre, dans notre système solaire
et dans l’univers infini, ne cesseront jamais de circuler dans le Samsara,
 ou en Lao  Lok SongSane, de vivre, de mourir, et de renaitre sans arrêt
dans la roue de la vie. Il y en avait au total 31 plans d’existences dans cette roue,
et sans entrer dans les détails de ces plans, et sans entrer dans les études
et la croyance au Bouddhisme, il serait trop long, je vous signale que Bouddha
avait un plan individuel (chacun pour soi) pour faire cesser le mécanisme
et ne plus revenir dans cette vallée des larmes.
Mais de vous à moi, je resterais encore longtemps à tourner dans le Samsara,
la vie ne vaut peut être rien mais rien ne vaut la vie.

3) – Notre vieux roi, de notre conte, voulant toujours marier sa fille,
se désespérait de voir échouer tous les prétendants, princes et manants,
à faire rire et à faire parler la Princesse.
- Et notre ingénu qui avait été sollicité en dernier ressort, personne n’avait pensé à lui,
le solitaire des campagnes et des collines environnantes, arriva au château
de la belle Princesse. Il n’était que le gardien des buffles du roi, dit-on, et il aimait rêver,
chanter et souffler sur le Khène (c’est une orgue à bouche, en tuyaux de bambou,
typiquement laotienne). Il adorait aussi raconter des histoires. Il avait tout son temps,
du matin jusqu’au soir, il regardait paître ses buffles et ses vaches, il s’amusait
avec les papillons et il aimait écouter pousser le riz avec délectation. Et pourtant,
 c'était lui qui avait su délier la langue de la Princesse. Il ne l’avait pas fait
avec de la magie, ni avec l’aide d’une force divine ou brutale, et encore moins
avec ce qu’il pouvait apporter de richesses et de titres de noblesses.
- L’ingénu était venu avec une histoire du Nok Cachor inversée,
une histoire délibérément mensongère et injuste vis à vis de la Princesse
qui avait vraiment sacrifiée sa vie pour rester avec ses enfants.
L’ingénu affirmait que c’était le Nok Cachor qui était resté
et seul avec ses petits moineaux.

- L’ingénu était peut être le Nok Cachor, lui même, qui renaissait pour réparer
une histoire d’une vie antérieure gâchée et détruite pas sa lâcheté.
C’était une belle histoire d’amour offerte en deuxième chance par le Samsara,
la réincarnation, au Nok Cachor de revenir s’amender auprès de sa belle Princesse.
Une histoire d’amour à l’ombre d’une religion révolutionnaire, en son temps, le Bouddhisme,
fondé au Vè siècle avant JC par le prince Siddhartha Gautama, le Bouddha.

4) – Le Bouddhisme, une religion sans dieu, dit-on, en tout cas une religion sans caste,
respectée par les Dalits, les intouchables, une religion sans guerre de religion
et sans prosélytisme, une religion où le bonze, à l'origine, ne devait posséder
qu’un bol pour mendier, un rasoir pour la tonsure, trois robes, un éventail pour se protéger
 symboliquement le visage du monde extérieur, une religion qui voulait délivrer l’homme du TanHa,
de la soif, de la souffrance et de l’ignorance, une religion qui voulait  libérer l’homme du Samsara,
de la renaissance éternelle, une religion de responsabilité, le Karma, vous faites le bien,
vous récoltez le bien, vous faites le mal, vous devez le payer, et notre Nok Cachor
qui avait mal agi connaissait le prix qu’il avait dû s’acquitter pour renaitre en tant qu’homme
et de refaire sa vie avec sa belle Princesse.

- Nous allons nous arrêter juste à expliquer en conclusion et simplement le Karma sans,
encore une fois, nous plonger dans les dédales de l’apprentissage, de la connaissance
et de la croyance au bouddhisme.

Epilogue :

Le Bouddhisme considère que tout être vivant est responsable de ses actes
et de son Karma passé et présent, même le Bouddha avant de monter au ciel
était obligé de solder son Karma et de plonger un doigt de ses pieds dans le Mo°-Narok,
la marmite des punitions et des condamnations de l’enfer.
Le geste de Bouddha à cette occasion nous montre que tous nos actes conscients et volontaires
sont comptabilisés, le plus comme le moins, le bien comme le mal, de cette vie
comme des vies précédentes, et un conseil pour un sourire, à ceux qui voulaient
avoir un coeur d’or et une place en haut du Samsara, c’est à dire sortir de la roue,
il ne vous suffira pas de tout peindre en couleur or.

Koupranom Abhay

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