La culture, à mon avis, est la somme de connaissances et de traditions, de
légendes et d’histoires, de folklores passés et présents d’un peuple, d’une
nation, voire même, à une certaine limite, d’un homme, d’une femme ou d’une
famille. Elle se vit et elle se bonifie de jour en jour, et elle se transmet
les uns aux autres et de génération à génération.
Au Laos, du temps où on n’a pas la télévision et où à l’école on nous enseigne
l’histoire de nos ancêtres les Gaulois, la transmission de la culture Lao se
fait et s’enseigne dans les pagodes avec les bonzes ou dans leur école. Et
aussi avec les parents et les grands parents, avec la famille dans des soirées
au feu de bois, avant de dormir, les enfants sont dorlotés avec les histoires
de Nang Phom Hom, les histoires de Nok Kachork, de Xieng Mieng entre autres
choses … ou en écoutant, comme moi, ma mère chantant dans les Bay Lan
l’histoire de Xin Xay.
La culture, pour nous les Lao de l’exil, est double. Nous sommes obligés de
distinguer impérativement entre la culture ambiante dans lequel nous nous
sommes imprégné, plongé corps et âme en France, et la culture Lao que nous
devons sauvegarder par nous même, pour nous même, et pour affirmer notre
différence et préserver notre racine.
La culture, c’est comme la beauté d’une femme, il faut la soigner, la cajoler
pour ne pas l’abîmer et la détériorer, voire même pour ne pas la perdre.
Combien de fois, en pensant aux connaissances passées, je me suis dit, nous
avons perdu des pans entiers de notre histoire commune, des arts et des
lettres, des sciences et des techniques, des splendeurs du temps passé de Fa
Goum ou de Sourigna Vongsa, et plus proche de nous, de nos parents et de nos
grands parents faute de les avoir noter et de les sauvegarder.
Un exemple de culture oublié :
Il n’y a pas longtemps, dans une conversation, un ami se pose la question de
savoir qui est Pangkham l’auteur de Xin Xay ? Certain écrivain Lao connu,
dit-il, pensait que l’auteur du plus grand chef d’œuvre de la littérature Lao a
écrit ces poèmes dans l’île de Khong, car il parait que dans un de ses vers,
Pangkham a reconnu qu’il gravait les lettres de son manuscrit dans un lieu
entouré d’eau et dans une île. Plus encore, il avance que le nom de Pangkham
n’est qu’un pseudo. De quoi rendre dingue les spécialistes de Shakespeare
! Peut être c’est vrai ? Et que …
En Afrique un vieux qui meurt c’est un livre de vie, de connaissance et de
culture qui disparaît.
Au Japon, il y a déjà bien longtemps qu’on classe les vieux artiste, les
artisans de génie, les ouvriers, les maîtres, héritier de tradition du passé,
comme un trésor national vivant.
Je pense que le site Sithandone, s’il arrive à relier les gens de culture, les
gens qui ont quelques choses transmettre, comme par exemple l’art de faire une
bonne Keng Khi Lek ou un bon Khao Tom Kheuang, ou de pouvoir nous raconter
l’histoire des hommes et des femmes qu’on a aimés et qu’on respecte, de ne pas
oublier l’histoire de Marc Leguay, fils de Muong Khong,
de ne pas oublier les Mo Lam célèbre, de Nang Sunny qui vit encore avec nous,
des poèmes de Louang Outhéne, de Pho Thao Song, des écrits Nhouy Abhay, et de
bien d’autres, sans oublier la génération montante ingénieux et diplômés qui
peuvent, sans trop exagérer, livrer de la culture pour notre monde
actuel.
La culture, je le pense fortement, c’est aussi l’art de vivre ensemble dans une
bonne entente, de partager et de se respecter, de pouvoir entretenir une
relation convenable et continue avec la France et les français, avec notre
pays, le Laos, et avec tous les laotiens.
Notre héritage culturel est grand et intéressant, nous avons le devoir,
nous tous, de le préserver et de le perpétuer, de le maintenir et de le graver
dans le marbre à tout jamais pour témoigner de sa beauté et de son éclat.
Koupranom Abhay